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Théo Bourrieau au micro de Radio Dijon Campus

Théo Bourrieau © Radio Dijon Campus

sexualité

Les coulisses
de l
a Contraception masculine

Théo Bourrieau est un jeune journaliste qui termine son master journalisme – Nouvelles pratiques journalistiques à l’ICOM de Lyon 2. Dans le cadre de ses études, il a choisi de travailler la question de la contraception masculine. Sujet original voire tabou. Sans épuiser tous le sujet, Théo nous propose une découverte de l’histoire récente de cette forme de contraception rarement proposée aux hommes.
Chez La Pieuvre, on souhaitait en savoir plus sur ses motivations et les difficultés rencontrées. On vous propose de plonger dans les coulisses de son enquête.

par | 23 Juin 2022

Comment t’es venue cette idée de podcast ? 

D’abord c’était un sujet qui nous intéressait Romane, ma copine, et moi. On se posait pas mal de questions sur ce qui existait, sur ce que je pourrais faire… puisque Romane, comme pas mal d’autre filles, se pose des questions sur la pilule. On cherchait d’autres façons de faire. C’est là que je me suis rendu compte qu’il existait des choses même si c’était très peu développé.
Par ailleurs, les thématiques de genre, de féminisme ou de contraception m’ont toujours intéressé. J’ai toujours eu envie de travailler là-dessus sauf que en tant que homme blanc cisgenre hétéro, je n’étais pas le plus légitime pour parler de ces enjeux là. Sur celui de la contraception masculine, je pouvais l’incarner. Je me sentais légitime pour faire des recherches et en parler. 

 

Comment a réagit ton entourage quand tu as parlé de ce sujet ?

J’ai eu deux types de réactions. Plutôt des « super », « c’est super intéressant », « on devrait plus en entendre parler » par des gens de ma génération (Théo a 25 ans, ndlr). Des réactions positives qui m’entraînaient à travailler ce sujet. Et la réaction de la génération de mes parents, mes profs… qui trouvaient ça très bien mais était très étonnés. Ils n’en avaient pas trop entendu parlé et trouvaient que ce sujet était une vraie prise de risque. Les deux étaient très encourageant.

Quelle a été la principale difficulté liée au sujet ?

Trouver le juste milieu pour bien traiter le sujet en restant dans la vulgarisation et accessible à tout le monde. Trouver la bonne manière de parler de la contraception et être assez complet pour traiter le sujet correctement, d’un point de vue « techniques » certaines sont un peu pointues et il faut bien expliquer pour bien traiter.
Une autre difficulté a été de trouver le juste milieu entre un discours militant et engagé, que j’ai envie d’avoir, et ne pas tomber dans le moralisateur.
Une autre a été de faire les interviews à distance. Ça permet de ne pas se restreindre à des gens qui habitent dans le coin mais de l’autre ça soumet le podcast à la qualité sonore des échanges, selon le matériel que les gens avaient. Le montage a été un peu long pour rendre l’enregistrement plus propre. Il y a même certains échanges que je n’ai pas pu utiliser parce que la qualité était trop dégueulasse. 

Est-ce que les témoins étaient facile à trouver ?

Du coté des gens qui utilisent, ont utilisé ou vont utiliser la contraception masculine, je suis allé sur un groupe facebook où j’ai expliqué ma démarche et mon projet. J’ai eu pas mal de réponses. Je pense que les mecs sont assez contents et fiers de partager leurs expériences et d’expliquer pourquoi ils l’ont fait.
Ce qui a été un peu plus difficile, c’est au niveau des médecins : je n’en ai pas eu. Donc le podcast n’explique pas comment ça fonctionne mais plutôt les enjeux politiques de la contraception masculine.
J’ai envoyé pas mal de mails et passé pas mal de coups de téléphones. Très peu sont spécialistes de la question donc il faut les trouver.  Il faut qu’ils soient disponibles et d’accord pour répondre à un étudiant en journalisme. Je ne suis pas un professionnel, ça ne va pas être publié dans un énorme média.
J’ai un autre regret c’est de ne pas avoir eu le planning familial parce qu’ils étaient trop occupés. 

Est-ce compliqué de travailler sur des sujets qui touchent comme celui-là à l’intime ?

Ça n’a pas été trop dur parce qu’en tant que journaliste, ce n’est pas toi qui te mouille. Mes témoins étaient au courant de ma démarche et de ce que je recherchais, donc ils ne découvraient pas au moment de l’interview qu’on allait parler de trucs intimes. Pour certains, on s’est même appelé avant pour déblayer le terrain et discuter de ma démarche. Les gens étaient plutôt ouverts. Et évidemment dans ce genre de sujets on parle de « testicules », de « pénis »… de toutes ces choses là, il peut y avoir des gens qui sont gênés mais moi pas du tout ; et les gens avec qui j’en ai parlé non plus. 

Ou est-ce que tu as trouvé tes sons d’archive ?

Sur les sons d’archives, je les ai trouvé sur l’INA. J’ai fais des recherches et j’ai trouvé une source intarissable de gens qui racontaient n’importe quoi et je trouvais ça vraiment cool. Au départ, je m’étais posé la question de faire un épisode à part entière avec un bestof de trucs qui ont été dit, mais ce n’était pas forcément le sujet. C’est pour ça que j’en ai fait un générique, je trouvais que ça rendait bien. 

Quelle est la chose la plus étonnante que tu ais découvert ?

La contraception masculine, on en parle depuis plus de 40 ans, de la fin des années 1970 au début 1980. Ça ne sort pas de nulle part, mais les acteurs politiques ne s’en sont jamais emparés et les journalistes non plus. Tous les deux ans, j’ai l’impression qu’il y a des gros papiers qui sortent du type « Ça y est, la pilule masculine arrive enfin ! », mais en fait il y a plein de choses qui existent déjà et jusqu’à présent ça ne fait réagir personne ou pas grand monde.

Tu as déjà produit d’autres podcast ? 

Oui mais pas vraiment sous le même format. J’ai produit une série de podcast, avec un camarade de classe, sur la crise de l’hôpital public. On l’a diffusé à notre échelle, on a produit un petit journal type « Le 1 » mais en plus petit, avec pour chaque article un QR code qui renvoyait à un podcast.
Et sinon l’année dernière, avec une copine on a fait 5/6 capsules de quelques minutes sur des nouveaux médias qui se créaient sur internet. On s’est intéressé à : qui étaient ces gens qui créaient, ça pourquoi ils avaient envie de faire ça, quelles étaient leur vision des médias classiques aujourd’hui ? C’était un montage dynamique avec des extraits d’interview, de musiques et de leurs contenus. 

Tu as suivit une formation au podcast ?

Je n’ai pas eu de formation typique podcast mais en cours on a eu quelques cours de radio et j’ai bien sûr été formé par la meilleure radio du monde : Radio Dijon Campus. Ça suffit pour créer des super podcasts. J’ai fais un stage à Fréquence Paris Pluriel aussi. Après, j’écoute pas mal de podcasts donc je sais un peu comment ça fonctionne, quel ton avoir etc. 

Tu as quel rapport avec les podcasts/les radios ?

Le podcast et la radio, ce sont les médias qui m’intéressent le plus pour travailler et écouter. J’écoute pas mal de podcasts notamment « Penser les luttes » de Radio Parleur, j’en écoute aussi de France Inter. La radio c’est plus le matin pour me réveiller et écouter les infos. C’est un peu le média que je préfère écouter et plus tard pour travailler dedans. 

Prochain sujet ? 

J’ai plein d’idées, mais j’aimerais bien continuer à creuser le sujet de la contraception masculine, ça sera peut-être un volume deux. J’aimerais bien travailler sur la scène Drag parisienne parce que je vais faire mon stage et que j’ai un peu travaillé sur ce milieu là à Lyon. Après je pense que c’est un format à traiter avec de la vidéo parce que c’est très visuel.
J’aimerais bien bosser sur les TDS, les travailleur.se.s du sexe parce qu’en ces périodes d’élections  législatives (quand on fait cette interview. NDR), on pourrait penser qu’iels soutiennent la NUPES et en fait, iels sont très critiques concernant le travail du sexe donc ça m’intéresserai de travailler sur ces milieux-là.
Un autre sujet qui m’intéresserai ça serait sur les radios associatives et essayer de comparer et de comprendre comment elles fonctionnent, est-ce que c’est un acteur culturel/Politique de la ville. J’ai plein d’idées mais rien de très concret. 

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